L’AEMO suspend le marché de l’énergie australien

L'Australie, premier exportateur mondial de charbon et de gaz naturel liquéfié, est confronté à une pénurie d'électricité. Face à cela, l'opérateur du marché de l'énergie du pays (AEMO) a pris des mesures sans précédent.

L’inflation mondiale de l’énergie, les perturbations de l’approvisionnement en charbon et les pannes de centrales ont atteint l’Australie. Le pays fait face à une crise de son marché de l’énergie, ce qui l’empêche d’accélérer sa transition énergétique. L’AEMO, opérateur du marché, a pris des mesures sans précédent pour contrer la crise.

L’Australie fait face à une pénurie d’électricité

La pénurie d’électricité a touché le National Electricity Market (NEM) australien, qui couvre quasiment tout le territoire. L’électricité produite par les centrales au charbon représente environ 65% de la production. Le gaz, lui, constitue 7% du mix national, le reste provenant des énergies renouvelables.

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Le système est géré par l’Australian Energy Market Operator (AEMO). Les producteurs offrent leurs services à des prix variés, et l’AEMO est chargée de faire correspondre l’offre et la demande. Face à la pénurie, l’opérateur a déclaré qu’il suspendait le marché, fixant lui-même les prix pour mieux les maîtriser.

Les prix s’envolent suite à des dysfonctionnements

Le vieillissement des centrales à charbon est en partie la cause de la pénurie australienne. De fait, environ 25% des 23GW de capacité de production au charbon du marché sont actuellement hors service. Ces trois dernières semaines, ce pourcentage a parfois atteint 30% en raison de pannes imprévues et d’opérations de maintenance programmées.

De plus, les inondations du début de l’année ont touché certaines minces de charbon en Nouvelle-Galles du Sud et au Queensland. Des problèmes techniques ont ainsi réduit la production des deux sites. Or ceux-ci alimentent la plus grande centrale à charbon du marché, Eraring, détenue par Origin Energy.

Les prix du gaz tout autant touchés

Par ailleurs, l’approvisionnement en électricité étant limité, une vague de froid a fait grimper la demande de gaz. Cela alimente un cercle vicieux, car le gaz, alors demandé pour le chauffage, est également requis pour la production d’électricité. L’accumulation des dysfonctionnements et des circonstances météorologiques a ainsi favorisé la flambée des prix sur le marché national.

L’AEMO plafonne les prix pour les maîtriser

Les exportateurs de GNL sur la côte est de l’Australie ont vendu autant de gaz que possible sur le marché de l’exportation, en pleine expansion. Néanmoins, l’AEMO leur a imposé, il y a deux semaines, de détourner tout le gaz possible vers le marché intérieur.

Les prix du gaz domestique ont tellement augmenté que l’AEMO a plafonné les prix à 40AU$/GJ. Malgré cela, la limite fixée représente toujours quatre à cinq fois le prix habituel. Par ailleurs, les prix élevés du charbon et du gaz se sont répercutés sur ceux de l’électricité.

Les producteurs d’électricité contraints par le plafonnement des prix

Face à la pénurie, certains producteurs d’électricité ont été contraints de se procurer du charbon et du gaz sur le marché au comptant. En conséquence, leurs coûts ont grimé en flèche au moment même où les prix mondiaux du charbon et du gaz explosaient. Les sanctions contre la Russie sont notamment à l’origine de la situation du marché mondial.

Les prix de l’électricité ont dépassé le seuil des règles du marché, poussant l’AEMO à fixer un plafond de 300AU$/MWh. Ce dernier était néanmoins inférieur de 100 à 200AU$ aux coûts de production de plusieurs producteurs. Certains ont donc décidé de restreindre leur capacité, et de ne pas s’approvisionner sur le marché au comptant.

Un « chaos » causé par les mesures de l’AEMO

À cause du manque de visibilité sur la quantité de capacité réellement disponible sur deux jours consécutifs, l’AEMO a donc suspendu le marché. L’opérateur n’a donné aucune indication sur le moment où la suspension sera levée. Selon le Premier ministre australien, la crise a été évoquée lors d’une réunion avec les premiers ministres d’États.

Dylan McConnell, chercheur en systèmes énergétiques à l’Université de Melbourne, commente ainsi:

« C’est toute une série d’évènements en cascade qui ont créé ce chaos. Le plafonnement des prix a fait que les choses sont devenues relativement vite incontrôlables. »

John Wood rejette une offre de rachat de 1,6 milliard d’euros

Le groupe britannique de services énergétiques John Wood a refusé une offre de rachat non sollicitée de 1,4 milliard de livres, soit plus de 1,6 milliard d’euros. L’offre, jugée trop faible par le conseil d’administration, provient de Dar Al-Handasah Consultants.

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