Alors que la phase de consultations du projet de taxonomie verte européenne s’achève ce vendredi 21 janvier 2022, l’Autriche redouble d’efforts et « d’échanges intensifs » pour rallier ses partenaires européens.
L’Autriche martèle sa position antinucléaire
La ministre de l’Environnement autrichienne Leonore Gewessler dénonce le « greenwashing » industriel derrière la proposition européenne.
« Aucune de ces deux formes d’énergie ne sont durables et n’ont donc aucune raison d’être incluses dans la taxonomie », déclare la ministre dans un entretien à l’AFP.
Pour l’instant, seul le Luxembourg s’est dit prêt à se joindre à une plainte visant le nucléaire. Mais d’autres voix se lèvent contre ce projet. Notamment en Espagne et en Allemagne pour les plus significatives.
À noter que l’Allemagne et la France, défenseur de l’atome et 2ème économie européenne, ont entamé des discussions à ce sujet depuis quelques mois.
Énergie du passé?
« Désormais, la balle est dans le camp de la Commission. Si elle va de l’avant, alors nous lancerons une procédure » devant la Cour de justice de l’UE (CJUE) contre la présence de l’atome dans la liste, martèle Leonore Gewessler.
La ministre assure que le nucléaire est « une énergie du passé », « trop onéreuse ». Elle rappelle également que la question fondamentale du stockage définitif des déchets est loin d’être tranchée.
Le projet est cependant défendu par la France et de nombreux pays d’Europe centrale et orientale qui font valoir que les énergies renouvelables (éolien, solaire…), déjà labellisées par la Commission, souffrent d’une production intermittente et ne permettront pas, à elles seules, de répondre aux besoins en électricité.
La centrale fantôme de Zwentendorf
L’Autriche, qui tire plus de 75% de son électricité de sources renouvelables, essentiellement grâce à un riche potentiel hydroélectrique, et vise 100% d’ici 2030, n’en est pas à son premier combat européen contre l’atome.
En juillet 2015 déjà, elle avait porté plainte pour contester le subventionnement par Londres de la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point par le français EDF. Un recours rejeté en 2020 par la CJUE.
La procédure contre le label vert pour le nucléaire est « vouée au même sort », estime d’ailleurs devant la presse à Vienne le représentant de la Commission européenne en Autriche, Martin Selmayr.
Opposition historique
Par ailleurs, dès novembre 1978, l’Autriche votait non à 50,5% contre le développement du nucléaire civil. Et ce, avant même le premier choc notable et l’accident nucléaire de Three Mile Island aux États-Unis en 1979.
Par conséquent, l’unique centrale du pays, qui devait entrer en service quelques jours plus tard, n’a jamais démarré ses activités.
Depuis, les accidents se sont succédé jusqu’à celui de la centrale nucléaire Fukushima en 2011. Quatre ans plus tard en 2015, le Parlement autrichien votait une loi d’interdiction du nucléaire. Pourtant, et comme de nombreux autres pays antinucléaires, l’Autriche continue d’importer de l’électricité, notamment issue du nucléaire, pour combler ses besoins énergétiques.