Interrogé par l’hebdomadaire français Le Journal du Dimanche (JDD), le Commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton juge « crucial » d’ouvrir la labellisation verte au nucléaire dans le cadre de la transition énergétique.
Le nucléaire dans la taxonomie verte
« Les centrales nucléaires existantes, à elles seules, nécessiteront €50 milliards d’investissements d’ici à 2030. Et 500 milliards d’ici à 2050 pour celles de nouvelle génération ! », affirme le commissaire français.
Dans un texte envoyé aux États membres de l’Union Européenne dans la nuit du 31 décembre 2021 au 1er janvier 2022, l’Europe propose le nucléaire et le gaz dans sa taxonomie verte. Cette labélisation permettra de faciliter le financement d’installations contribuant à la transition énergétique du continent.
Permettre des investissements colossaux
Cette classification, ou « taxonomie », définit des domaines d’investissement qui bénéficieront de labels verts. Or l’objectif européen de neutralité carbone en 2050 implique la mobilisation d’investissements colossaux. La taxonomie est ainsi conçue pour permettre l’obtention de financements à des conditions favorables.
Pour Thierry Breton, « inclure le nucléaire dans la taxonomie est donc crucial pour permettre à la filière d’attirer tous les capitaux dont elle aura besoin ».
Révolution industrielle
« La transition écologique entraînera une révolution industrielle d’une ampleur inédite. Ainsi qu’une course aux capitaux entre les diverses sources énergétiques – les énergies renouvelables devront par exemple à elles seules mobiliser €65 milliards d’investissements par an.
À cela s’ajouteront €45 milliards d’investissements annuels pour se doter d’infrastructures de réseaux supplémentaires », estime-t-il.
Selon le commissaire, l’énergie atomique représentera au moins 15% du mix énergétique de l’Union européenne en 2050. Soit moins qu’aujourd’hui, puisqu’elle représente 26% du mix.
Division sur la labélisation du nucléaire
Le sujet fait l’objet de vifs débats entre les 27 États membres. Une dizaine de pays, France en tête, font la promotion active du nucléaire face à des Etats très réticents à l’atome civil, comme l’Allemagne ou l’Autriche.
Selon des sources anonymes, pour l’heure, l’Allemagne devrait s’abstenir de voter la proposition de taxonomie. La première économie mondiale souhaite éviter les conflits intra-européens. D’autant que les partisans du nucléaire ne s’opposent pas frontalement à l’intégration du gaz dans le texte.